FAMILLE  CARAYON-DUCHÊNE

ANECDOTES FAMILIALES

1939: lettres de mon grand-père Gustave Duchêne à mon futur père

Anvers, le 30 novembre 1939

Monsieur,

J'ai bien reçu votre carte m'annonçant officiellement votre existence et vos désirs. Je suis heureux que ma femme ait pu faire votre connaissance et je dois avouer que vous lui avez fait une très bonne impression.

Yvonne est une jeune fille très franche, très droite, elle a pour vous une grande affection; la rumeur publique ne m'a donné sur vous que des appréciations flatteuses, tout ce qui précède ne peut donc que m'inciter à vous laisser toute l'espérance que votre personne et vos sentiments méritent.

Je serai très heureux de faire votre connaissance et celle de votre famille et j'espère que le terrible fléau qui s'est abattu sur notre cher pays sera de courte durée pour que la chose m'en soit facilitée rapidement.

Veuillez croire, Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.

Gustave Duchêne


Mon grand-père quitta précipitamment la Belgique le 12 mai 1940 et arriva à Morainvilliers le 15 mai. Il écrivit le 18 mai ces quelques mots à mon futur père alors mobilisé, à la fin d'une lettre que lui écrivait sa fille :

Morainvilliers, le 18 mai 1940

Cher Marcel,

... Me voici réfugié ! Je n'aurais pas pensé cela il y a 15 jours ; enfin ceci n'est pas le plus grave à côté de ce que nos soldats supportent. Me voici jardinier ; jusqu'à quand, l'avenir nous le dira. J'ai confiance en l'avenir et en la victoire de nos armes en définitive ; ce sera dur mais nous les aurons.

On a l'esprit un peu perdu après toutes ces péripéties, le principal était de ne pas tomber entre leurs mains ; j'y suis arrivé sans dommage, c'est le principal.

Je crois que nous devrons encore attendre un peu pour nous rencontrer, j'espère que ce sera le moins long possible ; en attendant ce plaisir, je vous adresse mes bonnes et sincères amitiés.

Gustave Duchêne